Publié le 17 septembre 2024

En résumé :

  • L’économie n’est pas une science obscure, mais le système d’exploitation de votre vie quotidienne, de votre épicerie à votre hypothèque.
  • Comprendre des concepts comme l’inflation et les taux d’intérêt vous permet de protéger votre argent au lieu de le voir s’éroder.
  • Investir en bourse n’est pas un jeu de hasard, mais une façon de devenir copropriétaire d’entreprises bien réelles comme Couche-Tard.
  • Avec des outils simples et une stratégie claire, vous pouvez commencer à bâtir votre patrimoine avec aussi peu que 25 $ par semaine.

Vous avez déjà eu ce sentiment, en payant votre café qui semble coûter 25 sous de plus chaque mois, ou en regardant les nouvelles du soir, que le monde de l’économie est un club privé dont vous n’avez pas la carte de membre ? On vous bombarde de termes comme « taux directeur », « FNB indiciel » ou « resserrement quantitatif », et votre cerveau se met en mode veille. Vous avez l’impression que c’est un langage conçu pour vous exclure, vous faire sentir que vous n’êtes pas assez intelligent pour gérer votre propre argent au-delà de votre compte chèques.

Le réflexe est souvent de se dire : « C’est trop compliqué, je verrai ça plus tard ». On se contente des conseils de base : « mets de l’argent de côté », « évite les dettes de carte de crédit ». Ces conseils sont valables, mais ils sont l’équivalent de dire à quelqu’un qui veut traverser le Canada de « simplement mettre un pied devant l’autre ». C’est vrai, mais ça ne vous donne ni la carte, ni la boussole, ni le véhicule pour y arriver.

Mais si la véritable clé n’était pas d’apprendre un jargon complexe, mais de comprendre les *histoires* et les *mécanismes* simples qui se cachent derrière ? Si l’économie n’était pas une science abstraite, mais la trame de fond de votre vie, une série de règles du jeu que personne n’a pris le temps de vous expliquer clairement ? Cet article est votre décodeur. Nous n’allons pas faire de vous un économiste en veston-cravate. Nous allons vous donner les clés pour lire l’étiquette, pour comprendre pourquoi votre hypothèque fluctue, pourquoi votre panier d’épicerie coûte plus cher et, surtout, comment vous pouvez cesser de subir le système et commencer à le faire travailler pour vous.

Ce guide est conçu pour vous accompagner pas à pas, en démystifiant les concepts qui semblent intimidants. Vous découvrirez les mécanismes fondamentaux qui régissent vos finances personnelles et l’économie canadienne, pour enfin prendre des décisions éclairées et sereines.

L’inflation, le monstre silencieux qui dévore votre épargne : comment s’en protéger

L’inflation, c’est le terme technique pour décrire ce moment où vous réalisez que votre budget poutine hebdomadaire ne suffit plus. Plus sérieusement, c’est la hausse généralisée des prix, qui fait que chaque dollar que vous possédez achète un peu moins de choses qu’auparavant. C’est un monstre silencieux et invisible qui grignote la valeur de l’argent que vous avez durement gagné et laissé dans un compte d’épargne à faible rendement. Au Canada, même une inflation maîtrisée a un impact significatif. Par exemple, Statistique Canada a rapporté que l’Indice des prix à la consommation a augmenté de 2,4 % sur une base annuelle en décembre 2024, ce qui signifie que votre pouvoir d’achat a diminué d’autant si votre argent n’a pas travaillé pour vous.

Penser que votre argent est en sécurité simplement parce qu’il est à la banque est une illusion. En réalité, il perd de sa valeur chaque jour. C’est comme essayer de remplir une baignoire avec une petite fuite : vous devez ajouter de l’eau (faire fructifier votre argent) plus vite que la fuite ne la vide (l’inflation). L’objectif n’est donc pas seulement d’épargner, mais d’investir dans des actifs dont la valeur a le potentiel de croître plus rapidement que l’inflation.

Comparaison visuelle d'un panier d'épicerie montréalais avec des produits locaux pour illustrer l'impact de l'inflation.

Comme le montre cette image, le coût de votre panier d’épicerie est un indicateur direct de l’inflation. Pour contrer cet effet, il existe des stratégies concrètes et accessibles pour les Canadiens. L’idée n’est pas de prendre des risques démesurés, mais de placer votre argent là où il peut se défendre. Voici quelques pistes :

  • Investir dans des fonds négociés en bourse (FNB) indiciels canadiens : Des produits comme XGRO ou VGRO regroupent des centaines d’entreprises et ont historiquement offert des rendements supérieurs à l’inflation sur le long terme.
  • Considérer les obligations à rendement réel : Le gouvernement du Canada émet ce type d’obligations dont le rendement est directement lié à l’inflation, offrant une protection garantie.
  • Diversifier avec l’immobilier via des FPI : Les Fonds de Placement Immobilier (ou REITs en anglais) vous permettent d’investir dans un large portefeuille de propriétés (centres commerciaux, immeubles de bureaux, etc.) avec de petits montants, souvent directement dans votre CELI.

Le véritable danger n’est pas la volatilité des marchés, mais la certitude de l’érosion par l’inflation. Comprendre cela est le premier pas fondamental pour reprendre le contrôle. Sans cette prise de conscience, toute stratégie d’épargne est vouée à l’échec à long terme.

La bourse n’est pas un casino : le guide pour comprendre comment ça marche vraiment

Dès qu’on prononce le mot « bourse », beaucoup imaginent des graphiques compliqués, des hommes en complet qui crient au téléphone et un risque immense de tout perdre. Oubliez cette image de casino. La bourse, c’est avant tout un marché où s’échangent des parts d’entreprises. Quand vous achetez une action, vous n’achetez pas un ticket de loterie ; vous devenez copropriétaire d’une fraction d’une entreprise bien réelle, qui a des employés, des produits, des clients et qui, on l’espère, génère des profits.

Le secret est de changer de perspective : vous n’êtes pas en train de parier sur un numéro, vous investissez dans le succès futur de l’économie et des entreprises qui la composent. C’est croire que, sur le long terme, l’ingéniosité humaine, la croissance démographique et l’innovation continueront de créer de la valeur.

Étude de cas : Devenir propriétaire d’un morceau de Couche-Tard

Alimentation Couche-Tard, l’entreprise québécoise derrière les célèbres dépanneurs, est un exemple parfait. Partie d’un unique commerce à Laval en 1980, elle est aujourd’hui un géant mondial avec plus de 14 000 magasins. En achetant une action de Couche-Tard (ATD à la Bourse de Toronto), vous devenez propriétaire d’une minuscule partie de cet empire. Les investisseurs qui ont cru en ce modèle d’affaires dès le début ont été largement récompensés. Un investissement de 10 000 $ lors de son entrée en bourse en 1985 vaudrait aujourd’hui plus de 3 millions $, non pas par chance, mais parce que l’entreprise a connu une croissance phénoménale.

Pour commencer à investir, il faut passer par un « courtier en ligne ». C’est une plateforme qui agit comme intermédiaire entre vous et les marchés boursiers. Heureusement, au Canada, plusieurs options sont conçues spécifiquement pour les débutants, avec des frais très bas, voire nuls.

Ce tableau comparatif présente quelques plateformes populaires au Canada, pour vous aider à y voir plus clair. Comme le montre une analyse comparative récente, les options pour débutants se sont multipliées.

Comparaison des plateformes de courtage populaires au Canada
Plateforme Frais par transaction Dépôt minimum Idéal pour
Wealthsimple Trade 0 $ (actions canadiennes) 0 $ Débutants, petits montants
Questrade 4,95 $ – 9,95 $ 1000 $ Investisseurs intermédiaires
Disnat (Desjardins) 6,95 $ – 9,95 $ 0 $ Clients Desjardins

Le plus grand risque en bourse n’est pas de voir ses placements baisser temporairement, mais de ne jamais commencer par peur de l’inconnu, laissant ainsi l’inflation dévorer son épargne. Comprendre que vous investissez dans des entreprises réelles est la clé pour surmonter cette peur.

Gestion active ou passive : le match qui va déterminer l’avenir de votre épargne

Une fois que vous avez décidé d’investir, une grande question se pose : faut-il essayer de « battre le marché » ou simplement le suivre ? C’est le débat entre la gestion active et la gestion passive. Imaginez que le marché boursier est une grande course. Le gestionnaire actif est le pilote qui essaie de trouver des raccourcis, de changer de voie au bon moment et d’accélérer pour dépasser les autres. Le gestionnaire passif, lui, se met au milieu du peloton et avance à la même vitesse que la moyenne des coureurs.

La gestion active implique de choisir manuellement des actions spécifiques dans l’espoir qu’elles performeront mieux que l’ensemble du marché. Cela demande beaucoup de recherche, de temps, et c’est souvent coûteux en frais de gestion. La gestion passive, à l’inverse, consiste à acheter un produit (comme un FNB indiciel) qui réplique simplement un indice boursier comme le S&P/TSX de Toronto. Vous ne cherchez pas à être le meilleur, juste à capturer la performance moyenne de tout le marché, qui est historiquement positive sur le long terme.

Contre-intuitivement, des décennies de données montrent que la grande majorité des gestionnaires actifs n’arrivent pas à battre la performance de la gestion passive une fois les frais déduits. Ces frais, même s’ils semblent minimes (1% ou 2% par an), ont un effet dévastateur sur le long terme. Sur un horizon de 20 ans, des données de Fidelity Canada montrent qu’une différence de 2% dans les frais de gestion annuels peut réduire votre rendement final de près de 38 %, soit des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars. C’est l’équivalent de courir un marathon avec un sac à dos rempli de briques.

La gestion passive est comme prendre le métro à Montréal : ce n’est pas le plus rapide à chaque instant, mais c’est fiable, économique et moins stressant sur le long terme.

– Analogie populaire dans la communauté d’investisseurs québécois, Forums de discussion financière québécois

Pour 99 % des investisseurs, et surtout pour les débutants, la gestion passive est la voie royale. Elle est moins chère, plus simple, et statistiquement plus performante. Elle vous libère du stress de devoir choisir les « bonnes » actions et vous permet de vous concentrer sur ce qui compte vraiment : épargner régulièrement et laisser le temps faire son travail. C’est la philosophie du « set it and forget it » (programmer et oublier).

Pourquoi la décision d’un seul homme change le coût de votre hypothèque : le rôle de la banque centrale expliqué

Vous avez probablement entendu le nom de Tiff Macklem, le gouverneur de la Banque du Canada. Cet homme et son équipe prennent des décisions qui peuvent sembler lointaines, mais qui ont un impact direct et immédiat sur votre portefeuille, surtout si vous avez une hypothèque. Le rôle de la Banque du Canada peut être vu comme celui d’un gardien du thermostat économique. Sa mission principale est de maintenir l’inflation autour de 2 %. Si l’économie surchauffe (inflation trop haute), elle monte le thermostat en augmentant son « taux directeur ». Si l’économie refroidit trop (risque de récession), elle le baisse pour stimuler l’activité.

Ce fameux « taux directeur » est le taux d’intérêt auquel les grandes banques commerciales (RBC, Desjardins, BMO…) s’empruntent de l’argent entre elles pour une durée d’une journée. C’est le coût de l’argent à sa source. Quand la Banque du Canada modifie ce taux, un effet domino se produit en quelques heures :

  1. La Banque du Canada annonce un changement de son taux directeur.
  2. Les banques commerciales ajustent quasi instantanément leur propre « taux préférentiel », qui est la base de calcul pour de nombreux prêts, dont les hypothèques à taux variable.
  3. Votre paiement mensuel sur une hypothèque à taux variable augmente ou diminue en conséquence.
Vue extérieure symbolique d'un bâtiment institutionnel à Ottawa avec éléments économiques abstraits, représentant la Banque du Canada.

Cet impact n’est pas théorique, il est très concret pour des millions de Canadiens, surtout dans un contexte de taux d’intérêt fluctuants.

Étude de cas : L’impact direct des baisses de taux de 2024

À partir de juin 2024, la Banque du Canada a commencé à baisser son taux directeur pour relancer une économie qui ralentissait. Selon des données de plateformes de comparaison comme Ratehub.ca, cette décision a directement influencé le coût des prêts. Par exemple, le taux d’intérêt effectif sur de nombreuses hypothèques variables est passé de près de 7,9 % à 6,8 % entre mars et la fin de l’année. Pour un propriétaire avec une hypothèque de 500 000 $ à taux variable, cela représente une économie mensuelle d’environ 275 $. Une décision prise à Ottawa se traduit par plus d’argent dans vos poches chaque mois.

Comprendre ce mécanisme vous permet de mieux anticiper les variations de vos propres finances. Ce n’est plus une force mystérieuse qui vous frappe, mais une chaîne de cause à effet que vous pouvez observer et même prévoir. Vous comprenez pourquoi les nouvelles économiques qui parlent d’inflation sont si importantes pour votre budget personnel.

Prudent, équilibré ou audacieux ? quel est votre vrai profil d’investisseur (le test qui ne se base pas que sur votre âge)

On a tendance à simplifier le profil d’investisseur en se basant sur l’âge : jeune = audacieux, proche de la retraite = prudent. C’est une vision beaucoup trop simpliste. Votre profil d’investisseur est un mélange bien plus complexe de trois ingrédients : votre capacité à prendre des risques (votre situation financière objective), votre tolérance au risque (votre capacité émotionnelle à supporter les baisses) et votre horizon de placement (le temps que vous avez devant vous).

Déterminer son vrai profil est l’étape la plus importante avant d’investir. Investir dans un portefeuille trop audacieux pour vous vous mènera à vendre en panique à la première baisse, la pire erreur possible. Inversement, un portefeuille trop prudent alors que vous êtes jeune vous fera manquer des décennies de croissance potentielle. Pour aller au-delà des clichés, vous devez vous poser des questions plus profondes qui révèlent votre véritable nature financière.

Votre capacité financière à prendre des risques est la première chose à évaluer. Avez-vous des dettes à taux d’intérêt élevé ? Un fonds d’urgence solide (3 à 6 mois de dépenses) ? Un revenu stable ? Quelqu’un qui a un fonds de pension gouvernemental garanti (comme le RREGOP au Québec) peut objectivement se permettre de prendre plus de risques avec ses placements personnels, car ses besoins de base à la retraite sont déjà couverts.

Ensuite, il y a le test psychologique, le plus révélateur. Imaginez ce scénario : vous avez investi 10 000 $ dans votre CELI et, en une semaine, suite à une mauvaise nouvelle économique, sa valeur chute à 8 000 $. Quelle est votre réaction instinctive ?

  • A) La panique : « Je dois vendre avant de tout perdre ! » -> Vous avez un profil prudent. La préservation du capital est votre priorité absolue.
  • B) L’attente : « C’est la bourse, ça monte et ça descend. Je ne touche à rien. » -> Vous avez un profil équilibré. Vous comprenez la volatilité et faites confiance au processus à long terme.
  • C) L’opportunisme : « Super, les soldes ! J’achète plus pendant que c’est moins cher. » -> Vous avez un profil audacieux. Vous voyez les baisses comme des opportunités.

Cette réaction viscérale en dit plus long que n’importe quel questionnaire. Connaître votre profil vous permet de construire un portefeuille qui vous laissera dormir la nuit, ce qui est la condition sine qua non pour rester investi sur le long terme et atteindre vos objectifs.

Actions, obligations, immobilier : à quoi sert chaque pièce du puzzle de votre patrimoine ?

Construire son patrimoine, c’est comme assembler une équipe de hockey. Vous n’allez pas la composer uniquement d’attaquants vedettes. Vous avez besoin de défenseurs robustes et d’un gardien de but fiable. En finance, c’est la même chose. Les différentes classes d’actifs (actions, obligations, immobilier, etc.) ont chacune un rôle spécifique à jouer dans votre portefeuille.

Les actions sont vos attaquants vedettes comme Cole Caufield, les obligations vos défenseurs robustes comme Kaiden Guhle, et les liquidités votre gardien de but.

– Analogie populaire chez les conseillers financiers montréalais, Stratégies de portefeuille québécoises

Les actions (vos attaquants) : Ce sont des parts d’entreprises. Leur rôle est la croissance. C’est le moteur principal de votre portefeuille, celui qui est censé générer les rendements les plus élevés sur le long terme. Comme un attaquant, leur performance peut être spectaculaire, mais aussi plus volatile. Elles peuvent connaître des passages à vide.

Les obligations (vos défenseurs) : Une obligation est un prêt que vous consentez à un gouvernement ou à une grande entreprise, en échange d’un intérêt fixe. Leur rôle est la stabilité. Elles sont moins spectaculaires que les actions, mais elles sont beaucoup plus prévisibles et moins volatiles. Quand les marchés boursiers chutent, les obligations de bonne qualité ont tendance à bien résister, voire à monter, jouant leur rôle de coussin amortisseur pour votre portefeuille.

L’immobilier (votre joueur polyvalent) : L’immobilier peut offrir à la fois des revenus réguliers (loyers) et un potentiel de croissance de la valeur. Cependant, l’achat direct d’un plex à Villeray ou Rosemont demande une mise de fonds énorme et une gestion active. Une alternative moderne et accessible est le Fonds de Placement Immobilier (FPI), qui s’achète comme une action et vous permet de diversifier sur des centaines de propriétés avec une petite somme.

Le choix entre ces options dépend de votre capital, de votre temps et de votre désir de diversification. Ce tableau illustre bien les différences fondamentales pour un investisseur québécois.

Immobilier direct vs FPI au Québec
Critère Plex à Villeray FPI (REIT) dans CELI
Mise de fonds 100 000 $ + 50 $
Gestion Active (locataires, réparations) Passive
Liquidité Faible (mois pour vendre) Élevée (vente instantanée)
Diversification Un seul immeuble Centaines de propriétés

La bonne allocation entre ces différentes pièces dépend de votre profil d’investisseur. Un portefeuille audacieux aura plus d’attaquants (actions), tandis qu’un portefeuille prudent renforcera sa défense (obligations). L’important est de comprendre que chaque pièce a un rôle et que c’est leur synergie qui crée un patrimoine solide et résilient.

Êtes-vous un investisseur ou un spéculateur ? le test qui pourrait sauver votre épargne

La frontière entre investir et spéculer est souvent floue, mais la différence dans les résultats est abyssale. Un investisseur achète un actif en se basant sur sa valeur fondamentale et son potentiel de générer des revenus ou de la croissance à long terme. Il analyse l’entreprise, son modèle d’affaires, et est prêt à attendre des années. Un spéculateur, lui, achète un actif principalement dans l’espoir que quelqu’un d’autre lui rachètera plus cher à court terme, sans se soucier de sa valeur intrinsèque. Il surfe sur une tendance, une rumeur, un *buzz*.

L’investisseur cherche à posséder une part d’une entreprise prospère. Le spéculateur joue au jeu de la « patate chaude », en espérant ne pas être celui qui la tient en main quand la musique s’arrête. L’histoire financière regorge d’exemples où les spéculateurs se sont brûlé les doigts.

Étude de cas : La bulle du cannabis au Canada, une leçon de spéculation

Lors de la légalisation du cannabis au Canada en 2018, un immense engouement a saisi les marchés. Des actions comme Canopy Growth sont devenues des coqueluches médiatiques. Beaucoup de gens ont acheté, non pas parce qu’ils avaient analysé les perspectives de profitabilité de l’entreprise, mais simplement parce que « ça montait ». L’action a atteint un sommet de 68 $ en octobre 2018. Les spéculateurs qui ont acheté au sommet, emportés par l’euphorie, ont vu leur investissement chuter de plus de 95 % dans les années qui ont suivi. Les investisseurs qui avaient analysé les fondamentaux étaient, eux, beaucoup plus prudents, voire absents de ce marché.

Alors, comment savoir de quel côté de la clôture vous vous situez ? Avant chaque décision d’achat, soumettez-vous à un test simple. Si vous ne pouvez pas répondre « oui » de manière convaincante aux questions suivantes, vous êtes probablement en train de spéculer.

Votre checklist anti-spéculation : validez votre idée d’investissement

  1. Le modèle d’affaires : Pouvez-vous expliquer simplement, en une ou deux phrases, comment cette entreprise gagne de l’argent ? Si la réponse est floue ou repose sur une technologie que vous ne comprenez pas, méfiance.
  2. L’origine de l’idée : Votre décision est-elle basée sur votre propre analyse ou sur une tendance vue sur TikTok, Reddit ou parce qu’un ami vous en a parlé ? Les sources d’information virales sont souvent le terreau de la spéculation.
  3. L’horizon de temps : Seriez-vous parfaitement à l’aise de détenir ce placement pendant cinq ans, même s’il ne bougeait pas ou baissait ? Si votre espoir de gain est basé sur les prochaines semaines ou mois, c’est un drapeau rouge.
  4. La réaction à la perte : Si la valeur de ce placement chutait de 20 % demain, votre première réaction serait-elle de paniquer et vendre, ou de réévaluer calmement votre thèse d’investissement ?
  5. Le rôle dans le portefeuille : Ce placement est-il un pilier central de votre stratégie ou une petite partie « satellite » (1-2 % de votre portefeuille) que vous êtes prêt à perdre pour « jouer » ?

Être un investisseur ennuyeux est souvent la stratégie la plus payante. La richesse se construit lentement, en possédant des actifs de qualité sur le long terme, pas en essayant de réaliser des coups rapides.

À retenir

  • Le véritable ennemi de votre argent n’est pas la volatilité des marchés, mais l’érosion certaine et silencieuse de l’inflation.
  • Investir n’est pas un jeu de hasard. C’est devenir copropriétaire d’entreprises réelles qui travaillent pour vous jour et nuit.
  • La stratégie la plus puissante pour la majorité est la plus simple : investir de manière constante dans des fonds passifs à faible coût et laisser le temps faire son œuvre.

Votre vie est un long voyage : comment en dessiner la carte financière dès aujourd’hui

Après avoir exploré les concepts, démystifié le jargon et compris les règles du jeu, une seule chose compte : l’action. La connaissance sans l’application ne vaut rien. La bonne nouvelle, c’est que commencer est aujourd’hui plus simple et accessible que jamais. Vous n’avez pas besoin de milliers de dollars ni d’être un expert. Vous avez seulement besoin d’un plan simple et de la discipline de vous y tenir. La plus grande erreur est de penser qu’il faut tout savoir avant de commencer. C’est en faisant qu’on apprend.

On a appris à dompter nos hivers et à construire des barrages hydroélectriques de calibre mondial. On est tout à fait capables de prendre en main notre avenir financier.

– Message d’autonomisation québécoise, Communauté d’investisseurs québécois

Le pouvoir des intérêts composés, souvent appelé la huitième merveille du monde, est votre plus grand allié. Chaque dollar investi génère des rendements, qui à leur tour sont réinvestis et génèrent leurs propres rendements. C’est un effet boule de neige qui transforme de petites sommes investies régulièrement en un patrimoine conséquent sur plusieurs décennies. Le secret est de commencer, même petit, mais de commencer maintenant.

Voici une carte routière ultra-simple pour passer de la théorie à la pratique en moins d’une heure. C’est un plan conçu pour être mis en place et automatisé, pour que votre argent commence à travailler pour vous en arrière-plan.

  • Étape 1 : Ouvrez un compte CELI en ligne. Choisissez un courtier sans frais comme Wealthsimple Trade ou un courtier à faible coût comme BNCD (Banque Nationale Courtage Direct) si vous êtes déjà client. L’ouverture se fait entièrement en ligne en quelques minutes.
  • Étape 2 : Programmez un virement automatique. Connectez votre compte bancaire et programmez un virement hebdomadaire de 25 $, 50 $ ou ce que vous pouvez vous permettre. L’automatisation est la clé du succès, car elle enlève l’émotion et la procrastination de l’équation.
  • Étape 3 : Achetez un seul FNB tout-en-un. Ne vous cassez pas la tête à choisir des actions. Achetez un seul FNB qui correspond à votre profil. Par exemple : VGRO (pour un profil croissance/audacieux) ou VBAL (pour un profil équilibré). Ces fonds sont déjà diversifiés mondialement et rééquilibrés pour vous.

C’est tout. En suivant ces trois étapes, vous passez du statut de spectateur passif à celui d’investisseur actif. Vous avez posé la première pierre de votre indépendance financière. Le voyage peut sembler long, mais chaque pas compte. Le plus important est le premier.

Commencez dès aujourd’hui à tracer votre propre carte financière. Ouvrez ce compte, programmez ce virement, et prenez enfin le contrôle de votre avenir économique. Votre futur vous en remerciera.

Questions fréquentes sur l’économie et l’investissement pour débutants

Bénéficiez-vous d’un régime de retraite à prestations déterminées comme le RREGOP?

Si oui, votre tolérance au risque peut être plus élevée car vous avez une sécurité de base garantie. Vous pouvez vous permettre plus de volatilité dans vos placements personnels, sachant qu’une partie importante de votre retraite est déjà sécurisée, peu importe les fluctuations du marché.

Si votre CELI de 10 000 $ chute à 8 000 $ en une semaine, quelle est votre réaction?

Cette question est un test psychologique puissant. Si votre instinct est de vendre pour stopper l’hémorragie, vous avez un profil prudent. Si vous ne faites rien, confiant dans la reprise à long terme, votre profil est équilibré. Si vous y voyez une opportunité d’acheter à rabais, votre profil est audacieux. Cette réaction instinctive est souvent plus révélatrice que n’importe quel questionnaire.

Avez-vous un biais domestique dans vos investissements?

Le biais domestique est la tendance naturelle à surinvestir dans les entreprises de son propre pays (comme Bell, Air Canada ou les grandes banques) simplement parce qu’on les connaît. Bien que ces entreprises soient solides, une concentration excessive sur un seul pays augmente le risque. Il est crucial de s’assurer que votre portefeuille est diversifié à l’échelle mondiale pour ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier économique.

Rédigé par Mathieu Gagnon, Mathieu Gagnon est journaliste économique et planificateur financier avec plus de 15 ans d'expérience dans la vulgarisation financière. Son expertise est de rendre les principes de l'investissement et de la gestion de patrimoine accessibles à un large public.