Publié le 15 mars 2024

Le bien-être n’est pas une recette magique à copier, mais un processus d’ingénierie personnelle qui s’appuie sur la science et votre environnement.

  • La clé est de comprendre les mécanismes biologiques fondamentaux de votre corps (hormones, inflammation, rythme circadien).
  • Votre environnement, y compris l’hiver québécois, n’est pas une contrainte mais un levier puissant à utiliser pour renforcer votre résilience.

Recommandation : Choisissez un seul pilier (sommeil, froid, nutrition), expérimentez de manière progressive et mesurez les effets pour construire ce qui fonctionne VRAIMENT pour vous.

Entre les influenceurs qui vantent les mérites des cristaux et les articles qui promettent une transformation totale grâce à un nouveau superaliment, il est facile de se sentir perdu. Le monde du bien-être est devenu un supermarché bruyant où chaque tendance crie plus fort que la précédente, laissant les esprits rationnels sceptiques et épuisés. On nous somme d’être plus sains, plus performants, plus heureux, mais les chemins proposés sont souvent dogmatiques, coûteux, et rarement appuyés par des preuves solides.

Le résultat ? Une forme de paralysie. Faut-il se lancer dans un jeûne drastique, investir dans des tests génétiques complexes ou simplement se résigner à ce que tout cela ne soit qu’un effet de mode ? Cette surcharge d’informations contradictoires nous détourne de l’essentiel. Et si la véritable approche n’était pas de suivre une nouvelle règle, mais de comprendre les règles du jeu de notre propre biologie ? Si, au lieu de copier une routine, on devenait l’architecte de la nôtre ?

Cet article propose une approche radicalement différente : le bien-être sans bullshit. Il ne s’agit pas de vous donner une nouvelle liste de choses à faire, mais de vous fournir une grille de lecture scientifique et pragmatique. Nous allons décortiquer les mécanismes derrière les grandes pratiques (hormones, inflammation, rythmes circadiens) pour vous donner les outils nécessaires afin de faire des choix éclairés. L’objectif n’est pas la perfection, mais la construction d’un système personnalisé, résilient et adapté à votre réalité, notamment celle de la vie à Montréal.

Pour naviguer cette exploration, nous allons aborder les piliers essentiels de cette ingénierie personnelle. Ce guide structuré vous permettra de comprendre chaque brique, des mécanismes invisibles de votre cerveau aux stratégies concrètes pour transformer votre quotidien.

Hackez votre cerveau : les 4 hormones du bonheur et comment les activer sur commande

Avant de parler de discipline ou de motivation, parlons chimie. Votre état d’esprit, votre énergie et votre sentiment de bien-être sont largement gouvernés par un cocktail de neurotransmetteurs. Comprendre les quatre principaux acteurs de ce ballet hormonal est la première étape pour reprendre le contrôle. Il ne s’agit pas de magie, mais de biochimie appliquée.

Les voici : la dopamine (le moteur de la récompense et de la motivation), la sérotonine (le stabilisateur de l’humeur), l’ocytocine (l’hormone du lien social et de la confiance) et les endorphines (nos analgésiques naturels). Chaque action de votre quotidien peut influencer la libération de ces molécules. Célébrer une petite victoire au travail active la dopamine. Marcher au soleil stimule la sérotonine. Faire un câlin à un proche libère de l’ocytocine. Une séance de sport intense déclenche les endorphines.

L’idée n’est pas de viser un pic constant, mais de créer consciemment des habitudes qui nourrissent ces quatre voies. Par exemple, l’exposition à la lumière naturelle est cruciale pour la sérotonine. Or, au Canada, le manque de lumière en hiver n’est pas un mythe. Une étude de Statistique Canada révèle que 40% des Canadiens sont carencés en vitamine D en hiver, un nutriment essentiel intimement lié à la production de sérotonine. Savoir cela transforme une simple recommandation (« prenez l’air ») en une stratégie de santé ciblée.

Votre routine peut donc devenir une série de « déclencheurs » hormonaux. Une liste de tâches décomposée en petites étapes pour des shoots réguliers de dopamine. Un appel à un ami pour un boost d’ocytocine. Une courte marche à l’heure du lunch pour la sérotonine. C’est une approche proactive, qui consiste à piloter sa chimie interne plutôt que de la subir.

Cette connaissance fondamentale est le socle de l’ingénierie personnelle ; elle vous permet de choisir vos habitudes non pas au hasard, mais pour leur impact biochimique direct.

La méditation pour ceux qui n’ont pas le temps (et qui pensent ne pas y arriver)

La méditation est sans doute la pratique de bien-être la plus recommandée, et la plus intimidante. L’image d’une personne assise en lotus pendant une heure, l’esprit parfaitement vide, a fait plus de mal que de bien. Pour le professionnel surchargé, l’idée semble non seulement irréaliste, mais aussi contre-productive. C’est précisément pour cette raison qu’il faut repenser la pratique en termes pragmatiques : la méditation n’est pas un but, mais un entraînement de l’attention.

Dans un contexte où, selon l’Institut de la statistique du Québec, 12% des élèves du secondaire ont reçu un diagnostic de trouble de santé mentale, apprendre à réguler son système nerveux dès le plus jeune âge devient une compétence essentielle. Les bénéfices pour les adultes sont tout aussi clairs : réduction du stress, amélioration de la concentration et meilleure régulation émotionnelle. L’erreur est de croire qu’il faut une longue pratique formelle pour en bénéficier. La science montre que même des « micro-doses » de pleine conscience peuvent avoir un impact significatif.

Personne pratiquant la respiration consciente dans le métro de Montréal

L’approche « sans bullshit » de la méditation consiste à l’intégrer là où vous êtes. Coincé dans le métro entre Berri-UQAM et Lionel-Groulx ? C’est une occasion. Prenez trois respirations profondes en vous concentrant uniquement sur le trajet de l’air. Avant d’ouvrir vos courriels le matin, prenez 60 secondes pour simplement sentir le contact de vos pieds sur le sol. Ce ne sont pas des séances de méditation au sens classique, mais des actes délibérés d’attention qui calment le système nerveux.

Étude de cas : Le programme « Mission Méditation » au Québec

Développé par la psychologue Catherine Malboeuf-Hurtubise, le manuel « Mission Méditation » est utilisé dans de nombreuses écoles québécoises pour initier les enfants à la pleine conscience. Loin des clichés, le programme propose des exercices courts et ludiques. Les enseignants rapportent qu’une simple séance de deux minutes après la récréation, comme la « méditation du ballon », suffit à calmer l’anxiété des élèves et à les préparer à se concentrer à nouveau. Cela démontre que l’efficacité ne dépend pas de la durée, mais de la régularité et de l’intention.

Oubliez l’objectif de « faire le vide ». Le but est de remarquer que votre esprit s’est égaré, et de le ramener doucement, encore et encore. C’est cet acte de « ramener » qui est l’entraînement. Il renforce le cortex préfrontal, le PDG de votre cerveau. Et cela peut se faire en deux minutes, plusieurs fois par jour.

Commencez petit, sans pression. L’important n’est pas la durée, mais la constance de ces moments de pause intentionnelle dans le chaos du quotidien.

Le jeûne intermittent : la vérité sur ses bienfaits et ses dangers

Le jeûne intermittent (JI) est passé du statut de pratique ancestrale à celui de phénomène de biohacking. Le principe est simple : alterner des périodes de prise alimentaire avec des périodes de jeûne. La forme la plus courante est le 16:8, où l’on mange sur une fenêtre de 8 heures et jeûne pendant 16 heures. Les bénéfices potentiels, soutenus par un nombre croissant d’études, sont séduisants : amélioration de la sensibilité à l’insuline, réduction de l’inflammation et stimulation de l’autophagie, un processus de « nettoyage » cellulaire.

Cependant, une approche dogmatique du JI est une erreur. Les besoins de notre corps ne sont pas linéaires et dépendent de nombreux facteurs, dont notre environnement. Appliquer un protocole rigide de 16:8 en plein mois de janvier à Montréal, lorsque le corps dépense plus d’énergie pour maintenir sa température, peut être contre-productif et stressant. L’approche intelligente consiste à moduler la pratique en fonction des saisons et de ses propres signaux corporels.

L’ingénierie personnelle, c’est utiliser le JI comme un outil flexible, pas comme une règle inflexible. L’hiver peut demander une fenêtre de jeûne plus courte (ex: 14 heures) avec des repas plus riches, tandis que l’été, avec ses longues journées et son appétit naturellement moindre, peut se prêter plus facilement à une fenêtre de 18 heures. La clé est l’adaptation.

Le tableau suivant propose une vision pragmatique de l’adaptation du jeûne intermittent au climat québécois, une approche qui respecte la biologie saisonnière plutôt que de la combattre.

Adaptation du jeûne intermittent aux saisons québécoises
Saison Fenêtre recommandée Adaptations spécifiques
Hiver (-20°C) 14:10 (14h jeûne) Besoins énergétiques accrus, petit-déjeuner plus consistant
Printemps/Automne 16:8 classique Transition progressive, flexibilité pour événements sociaux
Été (canicule) 18:6 possible Hydratation prioritaire, repas légers riches en minéraux

Enfin, il est crucial de rappeler que le JI n’est pas pour tout le monde. Il est déconseillé aux femmes enceintes ou allaitantes, aux personnes ayant des antécédents de troubles alimentaires, et doit être abordé avec prudence en cas de diabète. L’avis d’un professionnel de la santé est toujours recommandé avant d’entreprendre un changement alimentaire majeur.

L’expérimentation progressive et l’écoute de ses propres signaux (énergie, faim, sommeil) sont les meilleurs guides pour trouver le rythme qui vous convient.

Le pouvoir du froid : pourquoi prendre une douche froide pourrait changer votre vie

L’idée de s’infliger volontairement une douche glaciale en plein hiver québécois peut paraître absurde. Pourtant, derrière cette pratique se cache un principe scientifique puissant : l’hormèse. Il s’agit d’un stress court, contrôlé et bénéfique qui, en poussant le corps hors de sa zone de confort, le force à s’adapter et à devenir plus résilient. Le froid est l’un des agents hormétiques les plus efficaces.

Lors d’une exposition au froid, le corps réagit en cascade : augmentation du rythme cardiaque, libération d’adrénaline et de noradrénaline (ce qui améliore la concentration et l’humeur), et stimulation du tissu adipeux brun, un type de graisse qui brûle des calories pour produire de la chaleur. À long terme, une exposition régulière peut réduire l’inflammation, renforcer le système immunitaire et améliorer la résilience mentale face au stress.

L’hormèse est ce stress court et contrôlé qui renforce l’organisme. L’hiver québécois devient alors non plus quelque chose à subir, mais un outil de résilience à utiliser.

– Dr Claude Fournier, Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale

L’approche pragmatique ne consiste pas à sauter dans un lac gelé demain matin. Elle réside dans une progression lente et contrôlée. Il s’agit de transformer une contrainte (le froid omniprésent) en un allié. Une simple marche en t-shirt pour sortir les poubelles par -5°C, une randonnée sur le Mont-Royal bien équipé mais en sentant le froid sur son visage, ou finir sa douche chaude par 30 secondes de froid sont des portes d’entrée accessibles.

Randonneurs sur le Mont-Royal en hiver avec vue sur la ville enneigée

Le but n’est pas l’endurance héroïque, mais de créer un stimulus suffisant pour déclencher une réponse adaptative. C’est un dialogue avec son corps, pas une punition.

Votre plan d’action : guide progressif d’exposition au froid à Montréal

  1. Semaine 1-2: Terminer chaque douche chaude par 30 secondes d’eau froide, en se concentrant sur une respiration lente et contrôlée.
  2. Semaine 3-4: Sortir sur son balcon ou dans son jardin et marcher 5 minutes pieds nus dans la neige fraîche.
  3. Semaine 5-6: Planifier une randonnée de 20 minutes sur le Mont-Royal ou dans un parc local par une journée froide (autour de -10°C), bien couvert mais en exposant son visage.
  4. Semaine 7-8: Essayer une séance dans un spa nordique (Bota Bota, Strøm) pour expérimenter le cycle chaud-froid de manière contrôlée et sécuritaire.
  5. Avancé: Se renseigner sur les clubs locaux de baignade hivernale pour une initiation supervisée et en groupe, si l’envie de pousser l’expérience se fait sentir.

Cette approche transforme une source d’inconfort en un puissant outil de renforcement physique et mental, parfaitement adapté à la réalité de notre climat.

Tests génétiques et bilans sanguins : jusqu’où faut-il aller pour optimiser sa santé ?

La promesse du « biohacking » ultime est de pouvoir lire le code source de notre propre corps. Les tests génétiques grand public et les bilans sanguins privés nous offrent un aperçu sans précédent de nos prédispositions, de nos carences et de notre fonctionnement interne. Mais cette abondance de données peut vite devenir une source d’anxiété. Savoir qu’on a une prédisposition génétique à une maladie est-il vraiment utile si l’on ne sait pas quoi faire de l’information ?

L’approche pragmatique n’est pas de tout tester, mais de suivre une pyramide d’investissement logique. La base, ce sont les tests essentiels, ceux qui ont un impact direct et actionnable sur votre santé quotidienne. Au Québec, un bilan de base prescrit par un médecin de famille et couvert par la RAMQ peut déjà révéler des informations cruciales : taux de vitamine D, fer, fonction thyroïdienne (TSH). Corriger une carence en vitamine D aura un effet bien plus tangible sur votre bien-être qu’une lointaine prédisposition génétique.

Ce n’est qu’une fois cette base solide établie que l’on peut envisager de monter d’un niveau. Les bilans privés peuvent permettre d’explorer des marqueurs plus spécifiques, comme les hormones ou les indicateurs d’inflammation. Les tests génétiques, au sommet de la pyramide, sont un outil puissant mais complexe, qui nécessite souvent l’interprétation d’un professionnel pour ne pas mener à des conclusions hâtives.

Le tableau suivant hiérarchise ces options pour vous aider à investir votre temps et votre argent de manière stratégique au Québec.

Pyramide d’investissement en santé préventive au Québec
Niveau Type de test Coût Accessibilité
Niveau 1: Essentiel Tests de base RAMQ (vitamine D, fer, TSH) Gratuit Via médecin de famille
Niveau 2: Optimisation Bilans privés (hormones, marqueurs inflammation) 200-500 $ Laboratoires Biron, Dynacare
Niveau 3: Avancé Tests génétiques, microbiote 500-2000 $ Cliniques spécialisées, envoi international

Il est aussi primordial de considérer l’aspect de la confidentialité. Comme le souligne la Commission de la protection de la vie privée du Canada, la prudence est de mise. Bien que la législation canadienne offre des protections, de nombreux services de tests génétiques sont hébergés à l’étranger, où les règles peuvent différer. La question à se poser est toujours la même : « Qu’est-ce que je vais faire concrètement de cette information ? ». Si la réponse n’est pas claire, le test est peut-être prématuré.

Commencez par les fondamentaux. La plupart du temps, les gains les plus importants se trouvent dans les ajustements simples basés sur les données de base.

L’ennemi silencieux dans votre corps : comment vaincre l’inflammation chronique

L’inflammation est une réaction normale et vitale de notre système immunitaire. Lorsqu’elle est aiguë (une coupure, une infection), elle est notre alliée. Le problème survient lorsqu’elle devient chronique. Cette inflammation de bas grade, souvent silencieuse, est aujourd’hui reconnue comme un facteur sous-jacent à de nombreuses maladies modernes : maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, et même certains troubles de l’humeur. Elle est l’ennemi invisible qui sabote notre vitalité.

Les sources de cette inflammation chronique sont multiples : une alimentation trop riche en produits transformés et en sucre, le manque de sommeil, la sédentarité, mais aussi et surtout, le stress chronique. Dans notre société de la performance, le stress n’est plus un pic ponctuel face à un danger, mais un état constant. Selon des données récentes de Statistique Canada, plus de 4 millions de Canadiens éprouvent un stress élevé ou très élevé lié au travail. Cet état maintient le corps en alerte permanente, produisant un flot constant de cortisol et de molécules pro-inflammatoires.

Combattre l’inflammation chronique ne se résume pas à prendre un supplément « anti-inflammatoire ». C’est une stratégie intégrale qui passe par le mode de vie. Les pratiques que nous avons déjà abordées (sommeil de qualité, exposition au froid, gestion du stress par la méditation) sont toutes de puissants anti-inflammatoires naturels. Mais l’un des leviers les plus directs reste l’alimentation.

Plutôt que de chercher des superaliments exotiques, l’approche la plus efficace est de se tourner vers ce que notre terroir a de meilleur à offrir. Un garde-manger québécois peut être une véritable pharmacie anti-inflammatoire. Voici quelques exemples de produits locaux à privilégier :

  • Bleuets sauvages du Lac-Saint-Jean : incroyablement riches en anthocyanes, de puissants antioxydants.
  • Huile de canola québécoise pressée à froid : une excellente source d’oméga-3 végétaux.
  • Poissons des Grands Lacs : comme le touladi ou le corégone, riches en oméga-3 EPA et DHA.
  • Canneberges de la Montérégie : connues pour leurs propriétés antioxydantes et leur soutien à la santé urinaire.
  • Légumes racines locaux pour l’hiver : betteraves, carottes, panais, pleins de fibres et de nutriments.
  • Sirop d’érable pur : à consommer avec modération, il contient des composés phénoliques aux propriétés anti-inflammatoires.

En intégrant ces aliments et en agissant sur les autres piliers de votre mode de vie, vous ne masquez pas les symptômes : vous vous attaquez à la racine de l’un des plus grands saboteurs de la santé moderne.

Le secret d’un bon sommeil est la lumière : comment bien l’utiliser au fil de la journée

Nous pensons souvent au sommeil en termes de ce qui se passe la nuit : matelas confortable, chambre sombre, silence. Mais la vérité, c’est qu’un bon sommeil se prépare dès le réveil. Notre corps est gouverné par un chef d’orchestre interne, l’horloge circadienne, et son principal métronome est la lumière. La qualité et le timing de notre exposition à la lumière durant la journée dictent la qualité de notre sommeil la nuit.

Le matin, une exposition rapide et intense à la lumière du jour (idéalement à l’extérieur) envoie un signal puissant à notre cerveau : « c’est le début de la journée ». Cela stoppe la production de mélatonine (l’hormone du sommeil) et déclenche la production de cortisol de manière saine, nous donnant l’énergie pour démarrer. Même 10 minutes par temps nuageux à Montréal sont plus efficaces que de rester à l’intérieur. Cette simple habitude ancre tout notre rythme pour les 24 prochaines heures.

Au Canada, où jusqu’à 18% de la population vit une forme de déprime hivernale, la gestion de la lumière devient une stratégie de santé mentale à part entière. L’utilisation d’une lampe de luminothérapie (10 000 lux) pendant 20-30 minutes le matin peut mimer cet effet du soleil et combattre efficacement la léthargie saisonnière. Inversement, l’exposition à la lumière bleue des écrans le soir envoie le signal inverse à notre cerveau, retardant la production de mélatonine et sabotant notre sommeil.

Étude de cas : Luminothérapie et Vitamine D, deux mécanismes distincts

Une erreur commune est de croire que les lampes de luminothérapie pour l’humeur produisent de la vitamine D. Comme le précisent les protocoles approuvés par Santé Canada, ce sont deux choses différentes. Les lampes de luminothérapie standard (sans UVB) agissent sur l’humeur en régulant l’horloge circadienne via les yeux. Des appareils spécifiques émettant des UVB sont nécessaires pour la synthèse de vitamine D par la peau, avec des protocoles d’exposition contrôlés. Comprendre cette distinction permet d’utiliser chaque outil pour le bon objectif : la luminothérapie matinale pour synchroniser son horloge, et une supplémentation ou des lampes UVB spécifiques (avec avis médical) pour pallier les carences hivernales.

L’ingénierie d’un bon sommeil consiste donc à gérer activement son environnement lumineux : un maximum de lumière naturelle le matin et en journée, et une réduction drastique de la lumière (surtout bleue) dans les deux heures qui précèdent le coucher. Installer des filtres sur ses écrans, porter des lunettes bloquant la lumière bleue ou simplement opter pour un livre papier sont des stratégies simples et redoutablement efficaces.

En devenant le régisseur de votre propre éclairage, vous prenez le contrôle de l’un des piliers les plus fondamentaux de votre santé et de votre énergie quotidienne.

À retenir

  • Votre corps est un système interconnecté : les hormones, l’inflammation et les rythmes circadiens ne sont pas des problèmes isolés mais les rouages d’une même machine.
  • Votre environnement est un outil : le froid de l’hiver, la lumière du jour et les produits locaux québécois sont des leviers puissants pour renforcer votre résilience, et non des contraintes à subir.
  • La personnalisation est la seule voie durable : l’objectif n’est pas de copier une routine parfaite, mais de comprendre les principes pour expérimenter, mesurer et construire la vôtre.

Devenez l’architecte de votre propre santé : la méthode intégrale pour une vitalité au quotidien

Nous avons exploré les hormones, la méditation, le jeûne, le froid, les tests biologiques, l’inflammation et le rôle de la lumière. Chacun de ces éléments est une brique. Seul, aucun n’est une solution miracle. Mais assemblés de manière cohérente, ils forment les fondations d’une santé robuste et d’une vitalité durable. Le véritable changement de paradigme est de passer du rôle de consommateur passif de tendances bien-être à celui d’architecte actif de votre propre santé.

Cette approche est plus qu’une simple question de confort personnel ; c’est un enjeu de société. Face à des chiffres alarmants, comme ceux de la Commission de la santé mentale du Canada indiquant que 500 000 travailleurs canadiens s’absentent chaque semaine pour des raisons de santé mentale, l’urgence d’une approche préventive et personnalisée est évidente. Attendre que le système nous « répare » n’est plus une stratégie viable.

Devenir l’architecte de sa santé, c’est adopter une démarche d’ingénieur : comprendre les principes (le « pourquoi »), choisir ses outils (le « quoi »), et les appliquer de manière progressive et mesurée (le « comment »). Commencez par un seul pilier. Celui qui vous semble le plus accessible. Peut-être est-ce simplement de sortir 10 minutes chaque matin pour capter la lumière du jour, ou de finir votre douche par 30 secondes de froid. Observez les effets. Votre énergie est-elle meilleure ? Votre humeur plus stable ? Votre sommeil plus profond ? Ce bio-feedback pragmatique est votre meilleur guide.

Pour vous aider à passer à l’action, voici un carnet d’adresses pragmatique pour commencer votre exploration à Montréal, en privilégiant l’accessible et le local :

  • Marchés publics : Jean-Talon et Atwater sont des mines d’or pour des produits frais et locaux, base d’une alimentation anti-inflammatoire.
  • Parcs pour exercice gratuit : Le Mont-Royal, le Parc Lafontaine ou le Parc Angrignon offrent des espaces parfaits pour bouger, s’exposer à la lumière et au froid.
  • Centres communautaires et YMCA : Proposent souvent des cours de yoga, de sport ou de méditation à des tarifs bien plus abordables que les studios spécialisés.
  • Spas nordiques : Bota Bota ou Strøm représentent un investissement ponctuel pour expérimenter les bienfaits du chaud-froid de manière encadrée.
  • Laboratoires pour tests : Biron et Dynacare permettent de faire des bilans sanguins privés sur demande, pour passer du « je pense que » au « je sais que ».

Le chemin vers une santé durable n’est pas une course, mais un projet de construction. Prenez votre casquette d’architecte, choisissez votre première brique, et commencez à bâtir, dès aujourd’hui, une fondation qui vous est propre.

Questions fréquentes sur le jeûne intermittent à la québécoise

Comment gérer le brunch dominical en famille avec le jeûne intermittent?

Adoptez une approche flexible qui ne sacrifie pas votre vie sociale. Vous pouvez simplement décaler votre fenêtre alimentaire pour ce jour-là, en faisant de ce brunch votre premier repas. Une autre option est le jeûne 5:2, où vous mangez normalement 5 jours par semaine (incluant le week-end) et réduisez vos calories deux autres jours, ce qui offre une grande liberté.

Le jeûne est-il adapté pendant les hivers rigoureux québécois?

Oui, mais il doit être adapté. Pendant les grands froids, le corps a des besoins énergétiques plus élevés pour maintenir sa température. Il est donc sage de réduire la durée du jeûne, en passant par exemple d’un 16:8 à un 14:10 (14 heures de jeûne). Augmenter les apports en bons gras (avocat, noix, huiles de qualité) lors de vos repas peut aussi aider à soutenir votre métabolisme.

Que manger pour rompre le jeûne avec des produits locaux?

Pour rompre le jeûne en douceur tout en soutenant l’économie locale, privilégiez des aliments nutritifs et faciles à digérer. Une excellente option serait des œufs de fermes locales, servis avec une tranche de pain de seigle artisanal. En été, ajoutez une poignée de petits fruits du Québec (fraises, framboises, bleuets). En automne, une soupe de courge ou de légumes racines est idéale pour réchauffer le corps et apporter des nutriments essentiels.

Rédigé par Sophie Lavoie, Sophie Lavoie est psychologue et coach en bien-être, forte de 12 ans d'expérience dans l'accompagnement au changement. Elle est spécialisée dans les approches de santé intégrale et de psychologie positive pour développer la résilience face au stress et aux défis de la vie.